Kommentar |
En 1955, le philosophe allemand Theodor W. Adorno a écrit sa fameuse phrase : « Écrire un poème après Auschwitz est barbare, et ce fait affecte même la connaissance qui explique pourquoi il est devenu impossible d’écrire aujourd’hui des poèmes ».
Mais est-il vraiment impossible de trouver une esthétique de l'inimaginable et de l'indicible ? Comment raconter une horreur qui, selon Hannah Arendt, « n'aurait jamais dû avoir lieu » ? Adorno ne se prononce cependant pas contre la possibilité d'une littérature après 1945, ce qui serait intenable au vu des nombreux projets littéraires après la Shoah (Nelly Sachs, Hilde Domin, Paul Celan, Rose Ausländer, Hélène Cixous, Edmond Jabès et bien d'autres). Comme Adorno a écrit lui-même plus tard, il s'agit plutôt du fait « [que] toute œuvre qui est finalement produite doit en payer le prix fort ». L'objectif est de créer une écriture qui affronte l'horreur, qui cherche un moyen de dire l'indicible, de trouver un langage qui dépasse les limites du langage lui-même.
Cette narration fragmentaire et polyphonique est une conséquence directe de l'expérience vécue, qui rend impossible à la fois une identité prédéterminée et une patrie précise. Cette « écriture éclatée » est au centre de ce séminaire. A l'aide d'une sélection d'œuvres des deux auteurs judéo-français Edmond Jabès (1912-1991) et Hélène Cixous (*1937), les thèmes de l'absence de patrie, de la polyphonie et du plurilinguisme seront abordés et la question de savoir à quoi pourrait ressembler une poét(h)ique après Auschwitz sera posée.
La lecture des œuvres suivantes avant le début du séminaire est obligatoire :
- Jabès, Edmond : Le Livre des questions (ISBN : 978-2070711949) (Il suffit ici de lire le premier tome, Le Livre des questions)
- Cixous, Hélène : Ruines bien rangées (ISBN : 978-2072860188)
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